Forum internationnal sur la météorologie à la Cité des sciences et de l'industrie Samedi 16 Octobre 2004
Plusieurs conférences toutes extraordinaires ont eu lieu en cette journée : j'y ai personnellement appris beaucoup de choses ; des rapports écrits valant mieux que des discours, enchainons tout de suite sur le contenu de ces conférences .
Climat : déterminisme, hasard, chaos, notion d'échelle
Mesurer les performances d'un système de prévisions météo
Comment éviter les mauvaises interprétations d'un bulletin météo par le public ?
Météo : le problème de décision dans un contexte d'incertitude
Climat : déterminisme, hasard, chaos, notion d'échelle
Hervé Le Treut, directeur du Laboratoire de Météorologie Dynamique du CNRS, fut le premier intervenant à ouvrir le bal pour cette journée avec la question des effets du réchauffement climatique .
De nombreuses incertitudes planent .La théorie du chaos est organisé à grande échelle, ce qui fait que les incertitudes sont d'ordre très différentes .
Pourtant des décisions politiques sont à prendre quant à l'avenir de notre planète .
Le problème principal : constatation d'une hausse du CO2 sur une période de 1000 ans . Le cycle du CO2 est un cycle naturel et nous évaluons à 1,5 milliards de tonne la quantité de CO2 rejetée dans l'atmosphère de manière naturelle .
L'homme rejete 5 à 6 milliards de tonne de CO2 en comparaison avec le cycle naturel :(
L'équilibre est perturbé par l'activité humaine, ce qui fait que l'équilibre énergétique est fragile .
Des personnages comme Bjerknès ( début du 20ème siècle ), Richardson (1922) et Rossby (1954) avaient déjà mis en garde au sujet de ce phénomène .
Fairhead a proposé l'élaboration d'un modèle de prévision pour le climat du siècle à venir : ce modèle est un maillage de la planète Terre de 200 à 300 km, ce qui est énorme !
Une augmentation de la température serait prévue même si la quantité de gaz à effet de serre rejetée dans l'atmosphère est stabilisée .
Côté précipitations, la prévision est difficile à appréhender :
-Au niveau des lattitudes 25N-60N et 25N-60S, un sérieux risque de sécheresse est envisager .
-Lattitude autour de 0° : inondations fréquentes .
-Ailleurs : précipitations légèrement excédentaires .
Dans le même temps, les processus rapides comme la dilatation des eaux de surface et les processus lents comme la fonte des glaciers de l'Antarctique contribueraient à élever le niveau de la mer de 20cm à 1m .
Qualité de l'intervention : Hervé le Treut ne semblait pas très à l'aise ni vraiment très convaincant dans ce périlleux exercice d'explication des effets du réchauffement car cette question suscite un débat virulant au sein de la communauté scientifique .
Jean Claude André, Directeur du CERFACS pose la question suivante : Peut-on croire les prévisions météorologiques ?
L'exposé débute par la phrase suivante : Climate is what you expect, weather is what you get ( le climat est ce que vous prévoyez, le temps est ce que vous obtenez ) .
Le climat n'est pas stable ni facilement prévisible .L'élaboration des prévisions s'en trouve compliquée :
tout d'abord, les observations .Il vient ensuite la résolution d'un système d'équation datant de 150 ans ( non résolue à ce jour :o ) .
Richardson a été le premier à faire l'expérience des prévisions numériques en relevant les paramètres météorologiques en tout point : c'est un échec cuisant, ce qui est logique car à l'époque il ne pouvait pas faire d'analyses numériques .
Aujourd'hui les prévisions sont meilleures de qualité car :
-La précision spatiale se fait à très courte échelle .
-La précision temporelle est de meilleure qualité .
-nous pouvons allonger l'échéance .
-les vérifications des prévisions du modele ECMWF se sont avérées concluantes .
Mais il reste toujours des erreurs de prévisions .
E.N.Lorenz s'est posée la question suivante : peut-on trouver une situation passée qui ressemble suffisamment à la situation présente pour donner une trajectoire à la prévision ?
Il a réalisé une expérience en mettant en évidence le fait que l'écart entre 2 situations analogues est multipliée par 2 tous les 2 ou 5 jours, ce qui fait que la limite de la prévisibilité de l'évolution de l'atmosphère est limitée à 2 semaines .
Laplace a ensuite continué la recherche déjà entreprise par Lorenz en affirmant que la connaissance de toutes les lois régissant la physique fait que les phénomènes suivent un cycle particulier, ce qui est totalement faux à la vue des connaissances aujourd'hui : le chaos déterministe limite la connaissance des lois dans le temps .
Pour améliorer la qualité des prévisions, Jean Claude André préconise :
1)Améliorer les conditions initiales par l'assimilation de données via les formules mathématiques .
2)Renforcer la course à la résolution spatiale pour réduite le champ où se développent les phénomènes météo, ce qui contriubera à diminuer la taille de la maille .
Qui dit diminution de la taille de la maille, dit augmentation de la puissance des éléments en matiere d'informatique par des facteurs 3 à 4 ( au lieu de 2 aujourd'hui ), ce qui impliquera une division par 2 de la taille de la maille tous les 5 ans !
La diminution de la taille de la maille permet de mieux traiter les systèmes convectifs .
Mais l'augmentation de la résolution spatiale ne fera que diminuer les incertitudes initiales et non d'obtenir une prévision fiable à 100% .
De plus, les mathématiciens Navier et Stokes "nous sapent le moral" en se posant la question sur le nombre de solution des équations : il n'y aurait pas une solution unique comme les scientifiques le penseraient depuis plus de 150 ans .
D'où la nécessité de choisir un modele d'ensemble pour avoir des états initiaux compatibles : modele d'ensemble initié par VITART à la fin de l'année 2003 .
Selon lui, l'atmosphère est une composante rapide d'un système où interviennent des composantes beaucoup plus lentes ( relevés de paramètres tous les mois sur les continents et relevés sur une année pour l'océan ) .
Il faut donc faire la différence entre les prévisions statistiques ( ou déterministes ) et les prévisions climatiques ( ou probabilistes ou saisonnières ). Le livre de Robert Sadouny "Peut-on croire à la meteo?" explique très bien la différence .
En parlant de prévisions saisonnières, venons-en :
Jean Claude André dit du bien sur ce type de prévision .Ces prévisions saisonnières marchent très bien dans certains signaux forts comme l'Océan Pacifique mais ont moins de succès en Europe ( la raison reste inconnue ) .
Les modeles de prévisions saisonnières conseillées pour leur fiabilité sont :
DEMETER 2, LODYC, CNFM, MPI, ECMWF .
Qualité de l'intervention : tout simplement parfaite !
Mesurer les performances d'un système de prévisions météo
Dominique Marbouty, (directeur du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme-ECMWF), a réalisé une intervention que j'ai trouvé plutôt décevante car beaucoup trop rapide : il me semble qu'elle a duré à peine 15 minutes ; 15 minutes pendant lesquelles il s'agissait d'une présentation du modele ECMWF : j'ai essayé de prendre vite fait les schémas mais Dominique Marbouty semblait très pressé d'en finir tellement il ne semblait pas très à l'aise :o
Le modele ECMWF regroupe 18 pays dont la France : c'est donc un modele d'ensemble avec des équations, des observations, la représentation des nuages et de leur comportement différent d'une saison à l'autre .
Comme il s'agit d'un modèle d'ensemble, ECMWF regroupe 50 perturbations différentes donc 50 prévisions différentes grâce au satellite ENVISAT, Meteosat MSG, Metop ( en 2006 ) et AQUA .
Pour les prévisions déterministes et probabilites, la procédure consiste à une réanalyse, c'est à dire de se plonger dans le passé avec les modeles d'aujourd'hui en prenant une situation passée ; par exemple, élaborer à partir des modèles d'aujourd'hui, faire une prévision pour un jour de 1958 : les résultats sont très bons !
Des perspectives nous sont alors offertes comme le ciblage des obervations pour améliorer la prévision .
Bernard Strauss, (directeur de la prévision à Météo-France), est présent pour traiter du succès et de l'élaboration des prévisions météorologiques à Météo France ainsi que de l'élaboration de la carte de vigilance .
L'exposé a commencé par une autocritique avec la lecture de mails provenant de personnes mécontentes envoyés à Meteo France, ce qui a provoqué une certaine hilarité dans la salle .
Après 5 minutes de rigolades, il fallait redevenir sérieux avec les explications de Bernard Strauss .
Tout d'abord la prévision de la température pour le lendemain à midi : 1,7°C d'erreur quadratique moyenne ( à 3 jours : 2,4°C ) .
La fiabilité de la prévision du temps sensible pour le lendemain à midi est de 80% ( à 3 jours entre 65 et 85% ) .
Le taux de fausses alarmes de la vigilance météorologique varie de 14% à 47% .
La prévision du temps sensible dans les bulletins départementaux à 24 heures ressemble plus à de la prévision empirique qu'à autre chose : les notes émises à chaque prévision varie de 0 à 10 .
Les critères de notation :
-erreur de chronologie relativement peu pénalisante .
-erreur sur le type de précipitations plus grave que sur les quantités .
-fautes graves sur les bulletins de vigilance .
L'élaboration de la carte de vigilance :
Aucun cas de non détection totale n'a été relevé, ce qui est totalement faux ! une détection totale est la détection d'un événement meteorologique de niveau orange ou rouge arrivés sur un département et qui aurait nécessité une vigilance orange ou rouge .
Il y a eu 646 cas d'alerte orange depuis les débuts de la carte de vigilance :
-53% d'entre eux ont eu une réussite totale ( les départements coloriés en orange ou rouge ont bien eu un événement météorologique nécessitant une vigilance orange ou rouge ) .
-27% étaient partiellement justifiés avec des départements plus ou moins touchés .
-20% étaient totalement injustifiés ( aucun département touché ) .
Qualité de l'intervention : Bernard Strauss semblait très tendu car sentant qu'il était attendu au tournant avec ce sujet ultra sensible ; je trouve personnellement qu'il s'en est plutôt bien sorti !
Comment éviter les mauvaises interprétations d'un bulletin météo par le public ?
Sans doute le moment fort de la journée avec la venue de nombreux intervenants à l'étranger montrant chacun leur tour comment est transmise l'information au grand public à la télévision ou à la radio .
Joel Collado ( Radio France ) doit émettre un message le plus clair possible en 1 minute car les 3/4 des français écoutent la radio dont 11 millions sont branchés sur France Info .
Mercredi, Joel Collado doit envisager le type de temps du week-end prochain ; l'exposé de la prévision à 3,4 jours se fait grâce au modele ECMWF avec lequel il peut élaborer un indice de confiance visible dans les bulletins télévisés du Dimanche soir . Un système de probabilité de précipitations est mis en place .
Qualité de l'intervention : détendez-vous Joel Collado :)
Masako Otsuka ( présentatrice sur la chaine Weather News aux Etats Unis )
Elle nous rappelle tout d'abord ses aventures en tant qu'étudiante de l'Ecole de meteorologie d'Harvard ;
Elle y a rencontré le professeur Kondot qui n'était pas très entousiaste quant à l'élaboration d'informations compréhensibles à la télévision pour les enfants car c'est à cet age que les vocations naissent surtout .
Ensuite, elle fait un topo sur les gouts des gens :
78% aiment les Mathématiques et les sciences dans le monde .
47% aiment les Mathématiques et les sciences au Japon .
Masako Otsuka est présentatrice à la télévision et donne des explications compréhensibles suscitant bien de nombreuses vocations ; elle envoie ensuite une lettre au professeur Kondot qui, impressionné par le nombre de vocation, se dépeche de la publier dans un article de la Société Météorologique Japonaise .
En conclusion, Masako Kondot ne fait que dire que le role des présentateurs est très important !
Qualité de l'intervention : correcte (y)
Alex Hill ( Metoffice Royaume Uni ) est à la tête du service météorologique nationale après avoir passé 3-4 ans présentateur à la télévision régionale et quelques années à la télévision nationale
L'exposé commence par une critique envers lesproducteurs car les graphiques sont trop compliquées, le design n'est pas terrible .
Les gens regardent les bulletins meteorologiques surtout le Dimanche car ils sont intéressés par le temps de la semaine à venir, du coup, lorsqu'ils regardent certains bulletins tv :
-les prévisions varient selon les jours .
-personne ne fait vraiment attention au bulletin car s'y connaissant peu .
-ils ne se souviennent que de certaines informations .
La structure d'un bulletin au Royaume Uni doit être la suivante :
-2 minutes maximum .
-Ce que va retenir le téléspectateur sont le titre, les premieres phrases et les graphiques . Le titre doit être un message d'alarme, les graphiques très clairs ( mettre un petit texte sur le graphique pour qu'il soit plus attentif ) .
-Ne pas donner de détail car les gens vont changer de chaine sinon . Se contenter de dire des trucs du genre "il va faire chaud, froid, etc..." ; ne pas utiliser des phrases avec les termes "Nord-Ouest, Sud-Ouest, etc..." car le public s'y perd sinon .
-Comporter un résumé à la fin du bulletin : il doit refléter le thème principal et il faut s'assurer que nous disons trois fois la même chose .
Qualité de l'intervention : un bon cours de présentateur (y)
Gilles Malet ( présentateur à RFO à la Réunion )
Ce qui est mal interprété sont les erreurs du présentateur et les erreurs de prévisions . Le programme est diffusé adns les écoles pour éduquer les gens : de plus, le programme de géographie à l'école débute par la meteorologie .
Le studio télé se trouve dans la station météorologique au cas où un phénomène dangereux arrive .
Gilles Malet nous présente un document vidéo sur la neige à La Réunion le Samedi 1er Aout 2003 ; s'en est suivi une discussion avec l'absence de pictogramme de neige pour avertir la population .
Qualité de l'intervention : exposé très sympa :)
José Rubiera ( présentateur à INSMET, Cuba )
Le pays est soumis à une activité cyclonique intense avec notamment les périodes 1944-1960 et 1972-1984 : le météorologiste a beaucoup de travail :)
A la télévision, les bulletins meteo ( avec les graphiques qui sont très instructifs ) sont émis en direct du centre de prévisions pour un meilleur impact sur l'audience .
Pour une meilleure compréhension du bulletin, les zones de précipitations sont bien délimitées au lieu de mettre un trait simple source de confusion et apporter une grande crédibilité au message .
Qualité de l'intervention : correcte (y)
Jay Trobec ( présentateur à Kelo TV, Etats Unis )
Aux Etats Unis, il existe 1000 chaines de télévision dont la plupart crée leur propre bulletin meteo indépendamment du service meteo national .
Dans le bulletin télévisé, il y a :
-une vigilance tornade .
-pour toutes les rafales supérieures à 50 noeuds, une situation de crise est mise en place . Sinon il y a une carte avec la couleur jaune en bas de l'écran pour les situations de vigilance .
-les images, les données .
63 tornades sur une période de 7 heures sont passées au voisinage de la chaine de télévision ( je ne sais plus quand ) .En cas de tornade menaçant la chaine de télévision, seule la régie et le présentateur restent, les autres vont s'abriter au sous sol .
3 radars fonctionnent simultanément pour mieux avertir les gens de l'arrivée d'une tornade avec différentes classes .
Qualité de l'intervention : un superbe exposé avec des images salivantes :)
Météo : le problème de décision dans un contexte d'incertitude
Je n'ai pas trouvé cette conférence d'un grand intéret avec la publicité pour le réchauffement climatique ; j'ai pris aussi quelques notes mais pas de quoi faire un résumé .