Les
orages
C'est le
phénomène météorologique le plus impressionnant. Il nous fascine par
son souffle (le vent ), par sa force (la foudre), par sa beauté (les
éclairs) et par son intensité sonore (le tonnerre)..
Qu'est-ce qu'un orage en général ?
L'orage
est un phénomène météorologique très complexe accompagné de vent
soufflant en tempête (60 kilomètres par heure minimum), de décharges
électriques dans l'atmosphère (la foudre), d'une jolie lueur de forte
intensité mais brève ( l'éclair ) , d'une très grosse déflagration
sonore (le tonnerre) et, en règle générale, de précipitations sous
forme de pluie, de grêle ou même de neige .
De plus,
on sait que l'orage se déclenche toujours par l'intermédiaire d'énormes
nuages (ce sont d'ailleurs les plus gros nuages existants dans
l'atmosphère) appelé Cumulonimbus.
Comment se forme un
Cumulonimbus ?
Dans les régions tempérées, il n'existe que deux possibilités qui
favorisent la formation des Cumulonimbus .
Influence
d'un front froid (lorsque de l'air chaud et humide et soulevé par de
l'air froid )
Représentons sur un schéma les différentes étapes de la formation de ce
type d'orage.
Étape 1: la
rencontre entre l'air chaud humide et l'air chaud et sec avec de l'air
beaucoup plus froid.
C'est la formation typique d'un orage : de l'air chaud et humide se
forme grâce au sol terrestre qui réchauffe l'air et entraîne la
condensation de l'eau . Le tout entraîne la formation des puissants
nuages convectifs ( Cumulonimbus ) parce que de fortes turbulences
règnent alors à l'intérieur de ces nuages . Mais comme il existe de
l'air chaud et sec ( l'air chaud n'est pas tout le temps humide ), la
jonction entre l'air chaud et humide et l'air chaud et sec donne lieu à
une zone d'instabilité . malheureusement, ces deux zones d'air sont
séparées par ce qu'on appelle la ligne sèche ( sinon on aurait eu une
perturbation classique et assez peu active ) .
Étape 2 : le soulèvement de l'air chaud
et humide par l'air froid
L'air froid prend alors la place de
l'air chaud, ( d'ou cette sensation de froid juste avant l'orage ). Ils
débutent alors des mouvements de convection verticaux qui entraînent la
formation de courants violents.
Le vent commence alors à souffler de plus en plus fort et des averses de pluie ( ce qui est du à la présence d'un front venteux : ligne qui sépare la partie froide et humide et la partie chaude et humide d'un orage ), de grêle ou de neige commencent à se produire . On sait qu'un orage va se terminer lorsqu'il y a une trouée de ciel bleu dans un Cumulonimbus ( signe que de l'air sec va arriver ) ou lorsque le vent s'essouffle ( ce qui est dû à la disparition de l'air froid qui alimentait les convections et donc entraînait de fortes rafales de vent ).
Cependant
il existe un deuxième type de formation d'orage qui a lieu très souvent
pendant la période estivale : le rayonnement .
Réchauffement
du sol ( terrestre ou maritime ) par les rayons du soleil
Lorsque les rayons du soleil pénètrent dans l'eau : l'eau est
réchauffé, si bien qu'il finit par se former de la vapeur d'eau (
évaporation ).
Cette
vapeur est très légère au point de vue de la masse et se laisse donc
entraînée vers le ciel avec l'aide d'un air extrêmement humide .
Au bout
d'un certain temps, la vapeur d'eau va rencontrer de l'air beaucoup
plus froid : il va se passer ce qu'on appelle la condensation .
La vapeur
d'eau va passer alors de l'état gazeux à l'état liquide et ce jusqu'à
la formation d'énormes nuages tels que les Cumulonimbus qui vont donner
lieu aux précipitions .
Les
précipitations ne pourront tomber que si l'humidité aura été en grande
partie absorbée par les Cumulonimbus, d'ou l'air sec que l'on ressent
avant le début de l'orage .
Sinon, on
assistera peut-être à des décharges électriques qui sont dues à la
collision de particules d'eau solides et liquides dont nous allons
détailler le mécanisme par la suite : on appelle alors l'orage un orage
de chaleur .
La grande différence entre ce type d'orage et l'influence d'un air
froid se situe au niveau de la composition des nuages dans le ciel : en
effet, les nuages dus à l'influence d'un air froid sont disposés en
ligne formant presque un seul et unique nuage, alors que les nuages
issus d'un réchauffement du sol ont plutôt tendance à être isolés les
uns des autres ( c'est pour cela que l'on peut avoir plusieurs orages
dans la même journée : ce qui est le cas dans les régions tropicales ).
Les
différents éléments d'un orage
La
foudre
Un orage n'est beau que s'il y a des décharges électriques tels que la
foudre .
La foudre n'est due qu'au frottement entre une particule d'eau à l'état liquide et une particule d'eau à l'état solide ( particule de glace ). Nous comprenons mieux dans le schéma suivant la formation de la foudre.
On voit
très bien que la foudre ne peut surgir que si les charges électriques
sont radicalement opposées . On ajoute entre les charges négatives et
les charges positives l'énergie dégagée par les mouvements de
convection verticaux : on obtient alors une différence de potentiel
assez élevée permettant le cheminement de l'électricité .
Toutefois, aujourd'hui, on hésite quant à la répartition des charges
négatives et des charges positives.
Il existe
trois types de foudre :
-la foudre entre deux nuages.
-la foudre entre le nuage et le sol : dans ce cas, le sol chargé de
signe contraire avant l'impact voit ses charges électriques changer de
signes.
-la foudre à l'intérieur du nuage.
Quel que soit le type de foudre, la foudre peut culminer sous une
différence de potentiel de 100 Millions de volts et 100 000 ampères et
atteint de préférence les objets élevés ( parce que la foudre choisit
le chemin le plus court ) tels que les arbres, les églises, les
montagnes ... et les objets pointus ( parce que ce sont les meilleurs
conducteurs d'électricité ) .
L'éclair est une lumière très vive qui compose la foudre . C'est donc
une étincelle qui provient d'un cumulo-nimbus et qui peut se diriger
soit vers un autre nuage, soit à l'intérieur de ce même nuage, soit le
plus souvent vers la Terre : en fait, l'éclair traduit toutes les
propriétés de la foudre .
L'éclair
Cependant,
lorsqu'on observe l'orage, nous avons l'impression qu'un seul éclair
jaillit du cumulonimbus : en fait, comme la vitesse de l'éclair est
très grande ( entre 40 et 50 km par secondes ), il est impossible ( ou
presque de voir à l' oeil nu tous les "petits éclairs" ) d'ou la
distinction de trois types d'éclair ( comme la foudre ):
-ceux qui se divisent en plusieurs branches : éclairs ramifiés .
-ceux qui ont une trajectoire légèrement rectiligne : éclairs
fulminants .
-ceux qui ne vont pas droit vers leur cible : éclairs sinueux .
On peut donc dire que ces trois types d'éclairs se rapportent aux trois
types de foudre .
On distingue aussi un autre éclair assez rare mais qui existe quand
même : l'éclair en forme de boule (feu
de Saint Elme) . C'est un éclair issu d'un éclair classique qui,
contrairement aux autres, ne frappe pas l'objet touché par l'éclair
classique : en fait, l'éclair en forme de boule se volatilise dans la
nature sans pour autant toucher un autre objet ( c'est un éclair que
l'on retrouve dans l'un des albums de "Tintin" ) .
Mais ces foudres et éclairs manifestant beaucoup d'énergie entraînant
un bruit sourd : le tonnerre .
NB : il arrive que l'éclair ne soit pas suivi du tonnerre (phénomène de fulguration).
Le tonnerre
Le
tonnerre est la manifestation d'un bruit sourd qui intervient plus ou
moins longtemps après que la foudre ait frappée ( la vitesse du son
étant très inférieure à celle de la lumière : 340m/s contre 300 000
km/s ) : ce bruit sourd est du au réchauffement très rapide de l'air
engendré par la foudre ( dont la température dépasse les 30 000 degrés
) : c'est comme si on avait laissé une casserole pendant un certain sur
le gaz et qu'on l'avait tout d'un coup mouillé avec de l'eau plus
froide .
De plus le tonnerre est très utile pour savoir à quelle distance se
trouve le point culminant de l'orage : il existe plusieurs manières
pour calculer la distance entre nous et l'orage :
première
méthode
soit D la distance séparant de la maison .
On a alors D= ( vitesse du son = 340m/s ) ( intervalle de temps entre
l'éclair et le tonnerre ).
( D est exprimée en mètres ).
deuxième
méthode ( peu fiable )
d est la distance parcourue par l'éclair entre le
cumulonimbus et le sol terrestre .
D = dcos90 =3 ( vitesse du son =340m/s ) ( temps mis par l'éclair pour
atteindre le sol )
( D est là aussi exprimée en mètres ) .
Il ne suffit pas forcément de calculer la distance entre un orage et le
lieu ou on est pour échapper aux nombreuses décharges électriques . Et
pour preuve, voici quelques records.
La rafale descendante ( down burst )
Courant
descendant allant sur le sol ou près du sol, ce qui provoquer le plus
souvent des rafales de vent dévastatrices .
Ces courants descendants, s'ils ont une intensité forte, ont la
possibilité de s'écouler horizontalement au niveau du sol . L'air
l'accompagnant étant très dense c'est de l'air froid qui s'infiltre au
niveau du sol et s'enroule autour de l'air chaud .
Les courants descendants sont presque systématiquement des courants
froids .
Il existe deux types de rafales descendantes : les macrorafales (
"macroburst" en anglais ) et les microrafales ( "microburst" en anglais
) .
Les macrorafales s'étendent horizontalement sur au moins 5 km avec une
intensité atteignant parfois les 200 km / h et durant en général pas
plus de 30 minutes ( parfois quelques minutes ) .
Les microrafales s'étendent horizontalement sur moins de 5 km avec une
intensité atteignant parfois les 280 km / h et durant en général moins
de 10 minutes . Les microrafales ne sont pas détectés suffisamment bien
par la technologie d'aujourd'hui pour effectuer un suivi particulier du
fait de leur forte concentration dans le temps et dans l'espace .
Des "burst swath" peuvent sévir sur une étendue inférieure à 400 m au
sein des microrafales avec une intensité plus forte .
Le front
de rafale ( gust front )
C'est en fait le bord antérieur du courant froid laissant croire à un
front froid qui est à l'origine de ce phénomène . Il a en moyenne une
épaisseur de 800m mais fraîchissant jusqu'à 1 km lors de super cellules
.
Repérable grâce à un nuage en forme de bourrelet ( arcus ) sous la base
avant du Cumulonimbus, il est le siège de rotation des vents à 180° (
rencontre air chaud-air froid ) .
D'importants gradients horizontaux de pression et de gradients
verticaux de pression font que le vent souffle en rafales avec une
intensité parfois supérieure à 100 km / h.
Quelques records
Nombre de
jours d'orage par an :
En France : ?
Dans le monde : 322 jours par an à Djakarta ( Indonésie ; Océanie )
Attitudes
à adopter lorsque nous subissons un orage
Ce qu'il ne
faut surtout pas faire
A l'intérieur
-Allumer ou laisser allumer tout objet raccordé à une prise électrique
( télévision, téléphone, lampes, etc... ) : si la foudre tombe sur une
ligne à haute tension, même à des kilomètres des habitations, elle peut
endommager l'objet voire le détruire.
-Ne pas répondre au téléphone fixe même si c'est un appel important :
pour les mêmes raisons.
A l'extérieur
-Il ne faut surtout pas courir : le corps dégage alors de l'énergie qui
facilite le trajet de la foudre vers le sol.
-Le plus classique : s'abriter sous un arbre à cause de sa hauteur et
parce que le bois est un très mauvais conducteur d'électricité. La
majorité des électrons issus de la foudre sont alors bloqués au sein de
l'arbre, créant une énergie au sein de l'arbre ; l'arbre finit par
"exploser" . Comme le corps humain est un excellent conducteur, pour
arriver sur la Terre, la foudre "se jette" sur notre corps ; résultat :
c'est la mort quasi assurée ; "quasi" car certaines personnes
parviennent à survivre selon le rythme cardiaque que vous avez au
moment du contact avec la foudre et pour d'autres raisons ( type de
métaux des objets que vous portez, etc... ) .
-Se planquer dans un fossé : le seul humide y est le meilleur
conducteur.
-Se coucher près des installations électriques telles que les clôtures
électriques : si la foudre tombe, c'est la mort certaine.
-S'abriter sous toutes les habitations non protégées par un
paratonnerre.
Ce qu'il
faut faire
A l'intérieur
-Débrancher tous les appareils dont vous tenez à cœur.
A l'extérieur
-Dans un endroit isolé et découvert : ramper même si le sol est humide
et boueux.
-Si vous
êtes plusieurs, séparez-vous les uns des autres d'au moins 5 mètres :
si l'un de vous est touché par la foudre, les autres ne le seront pas.
-Restez dans la voiture : la foudre glisse le long des parois de la
voiture ( appelée "cage de Faraday" ) sans pénétrer à l'intérieur .
-Se débarrasser de tout objet conducteur : boucles d'oreille,
parapluie, ceinture,...
-Marcher en faisant des pas inférieurs à 2 centimètres : le risque
d'être foudroyé est alors divisé par 2 à cause d'une différence de
potentiel 2 fois moins importantes .
-Si vous ne trouvez vraiment pas d'abris, agenouillez vous avec les
genoux collés l'un à l'autre ainsi que les pieds et le tout protégés
par un imperméable.
Malgré toutes ces informations apportées ci-dessus, l'orage nous cache
encore des surprises. Ce phénomène météorologique ravage des
installations électriques ( lignes à hautes tensions ), et
téléphoniques ( lignes téléphoniques ). Le problème sera de savoir si
un jour on pourra recueillir l'énergie dégagée par les orages.
Pourrons-nous aussi prévoir les orages à longues échéances ? ( une
semaine avant au lieu d'une heure aujourd'hui !!!!).
Les orages en ville
En milieu
urbain, les tempêtes et les orages violents y deviennent encore plus
violents ! En effet, la hauteur des immeubles provoque de nombreuses
turbulences favorisant l'élévation de la masse d'air humide qui finit
par se condenser.
La présence des aérosols amplifie le phénomène en attirant les
molécules d'eau les plus grosses : des précipitations diluviennes
tombent entraînant un très fort ruissellement et donc de nombreux
dégâts et parfois malheureusement des victimes !
La prévision technique
des orages
Considérons le profil vertical suivant :
Tr est
très basse quand T augmente avec l'altitude ; il y a une forte
inversion entre 830 hPa et 810 hPa : les mouvements verticaux sont
inhibés : stabilité de la masse d'air.
La masse d'air est légèrement stable entre 650 hPa et 400 hPa.
Dans ce cas précis, pas d'instabilité à prévoir.
La température prévue est de 27°C en fin de journée :
La courbe de température est plus penchée que la courbe de température
potentielle : instabilité près de la surface.
La saturation a lieu à l'intersection entre la courbe de rapport de
mélange saturant et la courbe de température : la saturation a lieu à
820 hPa ~ 1700m ; la base du nuage est donc à l'altitude 820 hPa.
Le niveau de convection libre se produit à 820 hPa aussi ce qui fait
que l'énergie cinétique acquise par la parcelle d'air est
proportionnelle à la présence d'air situé au sommet du nuage (situé ici
à 300 hPa ~9km).
Un orage peut donc se déclencher dans ces conditions (bonne prévision
de la température entre autres).
Vidéo d'un orage à
Saint Eynard ( Montagne dans les Alpes ) réalisée
par Guilhem Martin